Il n’y a pas très longtemps, j’étais invitée à un dîner en ville fort chaleureux. Passées les timidités et autres réserves inévitables lorsque les convives ne se connaissent pas tous (en fait, il appert que j’étais le seul élément allogène, mais bon…), la conversation prit un tour plus virevoltant, voire personnel et sympathique. C’est alors que notre hôtesse se mit à nous raconter, dialogues à l’appui, la réaction de Madame sa mère à la lecture d’une chronique, parue je-ne-sais-plus où, concernant la publication des oeuvres de Georges Bataille dans la Pléiade.
Franchement, ça fait longtemps que je n’avais pas autant ri. Non que Madame mère fut particulièrement ridicule, mais le récit fait par sa fille du mélange admiration-répulsion généré par l’oeuvre et le personnage de Georges Bataille, que l’excellente femme s’obstinait par ailleurs à appeler "Gérard Bataille", était positivement roulant. Pensez donc, un homme qui ne parle que de fesses – et quelles fesses – et qui est publié dans une aussi honorable maison, ça ne peut donner que d’exquises réflexions.
D’ailleurs, ça m’a donné envie de relire quelques textes. Comme quoi tout ce qui est jubilatoire a forcément des effets positifs.
Du coup, je vous livre une petite réflexion de "Gérard Bataille", publiée en Prière d’insérer de son Bleu du ciel
"Le verbe vivre n’est pas tellement bien vu, puisque les mots "viveur" et "faire la vie" sont péjoratifs. Si l’on veut être moral, il vaut mieux éviter tout ce qui est vif car choisir la vie au lieu de se contenter de rester en vie n’est que débauche et gaspillage."
C’est bien, non ?
J’en profite pour faire une petite pub pour le livre qui a donné lieu à cette excellente discussion, dont la présentation est signée par la fille de la dame :
Georges Bataille, coffret contenant « Histoire de l’oeil » (version illustrée par André Masson, 1928, et nouvelle version illustrée par Hans Bellmer, 1945), « Madame Edwarda », (version illustrée par Jean Fautrier, 1945, nouvelle version par Hans Bellmer, 1965), et une présentation de Marie-Magdeleine Lessana, éditions Pauvert.
Franchement, c’est un conseil désintéressé, parce que moi, j’ai simplement les éditions 10/18 dudit.
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