"L’être vivant est surtout un lieu de passage et l’essentiel de la vie tient dans le mouvement qui la transmet" a dit Bergson, que cite fort à propos Alain dans sa dernière note. Ce mouvement essentiel implique modification, fluctuation de l’homme et de ces centres d’intérêt. Ainsi quelqu’un peut-il être Un, et tout autre sans pour autant mériter le qualificatif de lunatique. S’il oscille autour d’un même axe, même jusqu’à des azimuths opposés, il sera toujours lui-même. Il faut l’accepter et c’est cela qui est difficile, parce que troublant, parce qu’en rupture avec ces certitude dont on aime à s’entourer car on croit qu’elles nous protègent.
J’illustre. Un ultramarin camarade, qui vit dans un grand pays d’Amérique du Nord, a tout d’un citadin pressé avec agenda surchargé et vie sociale intense. Hier, ô surprise, il m’envoie un poème et je découvre une sensibilité antillaise profonde à laquelle je ne m’attendais pas, quoiqu’elle ne soit pas si étonnante.
Raccourci
Au soleil cou coupé,
Les armes miraculeuses sont présentées.
Alors, à corps perdus
Se brisent les ferrements de toute retenue…
Se déchire le cahier d’un retour au pays natal…
Dressant soudain, le fanal
De toute la négritude,
Telle une noire certitude,
Voici Senghor, Césaire,
Ces prêcheurs d’un désert
Où les métis erraient
Et les chiens se taisaient…
(X)
Paris le 1er octobre 2004
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