Ouaaaah ! Je ne pensais pas qu’il y avait tant de monde intéressé par mes petites z’aventures ! Autant vous dire tout de suite que ça m’a fait chaud au coeur. D’autant plus qu’en ce moment… j’ai pas trop le moral. Mais je ne suis pas là pour pleurnicher, je préfère vous raconter le coup de l’agence immobilière.
Il y a quelques mois, un type survolté me contacte par téléphone et entreprend de me convaincre que mon appartement est génial (ça, je sais) et qu’il vaut un prix fou sur le marché (ça, je m’en doute) et que ce serait extraordinaire que je le mette en vente (par son intermédiaire) dans son agence (la meilleure, dit-il).
Moi, bonne fille, je lui réponds gentiment que tout de même, il n’a jamais vu mon appartement, que je me fous complètement du marché immobilier parce que je n’ai pas l’intention de déménager, que je déteste les agents immobiliers.
(Soyons clairs : je les considère comme des sangsues, qui pompent un maximum de sous sur les transactions alors que leur job se borne à passer des petites annonces absconses et à faire visiter au pas de charge en débitant des âneries.)
Sans blague.
« Qu’à cela ne tienne, me répond le fâcheux, j’arrive tout de suite, je vais vous prouver que vos préjugés sont faux ».
Argh.
Dès cet instant, il s’est employé à me harceler à toute heure. Technique efficace : de guerre lasse, je lui ai donné rendez-vous. J’ai vu alors débarquer dans ma modeste demeure un bellâtre gominé super-excité, téléphone portable dernier cri, costume noir avec veste ouverte battant au vent et chemise blanche légèrement, très légèrement froissée (c’est d’un chic, ma chère…) bref, tout c’que j’aime…
Sous nos yeux effarés, mon fils et moi avons suivi ses gesticulations qui n’avaient pour but que de nous démontrer que notre maison de 150 m2 (50 m2 dans la réalité) allait « cartonner » et que les acheteurs viendraient nous supplier jusque sur le seuil.
Je vous jure qu’il y a des moments où je suis décérébrée : au lieu de le jeter dehors avec sa mèche rebelle, ses mains moites et son regard de braise, j’ai signé. Pour avoir la paix. Seul réflexe de survie : je précise que la transaction suppose que l’agence me trouve un autre appartement, dans le même quartier, plus cher certes mais plus grand.
Et je refuse de donner mes clefs. (A Paris, j’ai été cambriolée trois fois dans trois quartiers différents. Depuis, je suis prudente). A voir la tête de mon dandy de supermarché, ce n’est pas du tout comme ça que doit se comporter une gentille cliente. Tel Richard III à la bataille de Bosworth, il se plante au milieu du salon pour nous servir une tirade si éloquente que j’ai l’impression brutale d’être le traître qui l’a livré à Henri Tudor.
J’ai tenu bon. Je n’ai pas donné mes clefs. Je n’ai pas vendu mon appartement. Century 21 agence Luxembourg ne m’a trouvé aucun autre logement, a peine ai-je pu arracher à mon mannequin La Redoute une liste de deux-pièces pompée sur Internet (j’ai, et j’ai demandé, un trois-pièces). J’ai reçu quelques visites, des mamies apeurées, étonnées de voir mis à prix si cher un bien si « normal »… Bref : j’ai servi de « repoussoir » à de malheureux hésitants que des types sans scrupules essayaient de convaincre de faire craquer pour des « affaires du siècle ». Engrangeons du chiffre d’affaire, la déontologie passera plus tard. Eh bien, moi je dis : non passaran, les pignoufs gominés !
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