J’ai apris à connaître Pol Bury de façon très banale, en suivant des cours d’histoire de l’art moderne à Beaubourg. C’était dans une vie antérieure et je découvrais, m’étonnant moi-même, que je n’aimais pas les impressionnistes mais Juan Gris, Kandinsky, Mondrian, Miro. En 1989, l’exposition "Qu’est-ce que la sculpture moderne" m’ouvrait les yeux sur un monde neuf, peuplé de Miro toujours, mais aussi de Beuys et de… Pol Bury. Les colonnes de Buren, au Palais-Royal, m’enchantaient. J’habitais alors rue du Pot de Fer et dans la cour, il y avait l’atelier d’Etienne Martin. C’était un homme délicieux, très simple. J’ai vu sortir ses immenses "demeures" enveloppées dans de grosses toiles blanches et je les ai admirées à la FIAC, bref c’était le temps merveilleux de ma jeunesse.
Quand je me suis intéressée à Pol Bury, il travaillait déjà à ses oeuvres monumentales. J’ai tout de suite aimé sa façon de marier l’eau et le métal. Comme Tinguely, il a d’abord utilisé l’eau pour mouvoir des formes en inox, puis pour contrarier ce mouvement. Le tout était sonore, ce qui en accentuait le côté captivant. Ses 4 087 cylindres sont toujours au Centre Pompidou. Mais je pense qu’il doit sa célébrité aux fontaines plus qu’aux autres oeuvres. J’ai eu, un jour, l’occasion de voir celle qui se trouve dans le jardin de la fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence, elle est littéralement magique et j’ai passé un bon moment sous son charme. Il y en a une également dans les jardins du Palais-Royal, après les colonnes de Buren. La voici, en compagnie de son créateur.
![]()
J’ai lu dans le journal que la galerie Louis-Carré avait exposé à la FIAC 1999 une sculpture hydraulique en acier poli de 12 m2. A cette époque, la vie a voulu que je ne fréquentasse plus ce salon, mais ce devait être exceptionnel.
Nombre de ses dernières oeuvres étaient composées de photographies. Comme l’a fait, avec la Joconde, un certain Marcel Duchamp, il retouchait à l’ordinateur les trombines des maîtres passés, avec un humour pince-sans-rire qui ne me surprend nullement. Il ne pouvait en être autrement de la part de l’auteur de L’Art à bicyclette et la révolution à cheval, un ouvrage théorico-philosophique d’un humour ravageur.
Il est mort le 27 septembre à l’hôpital Georges Pompidou (décidément…) à Paris. Il avait 83 ans.
Répondre à Fauvette Annuler la réponse.