Jeu de mots… laids

Chose promise, chose due : voici le second texte pour lequel je vous propose de découvrir la contrainte d’écriture. Franck a trouvé le premier facile, mais Racontars s’est doutée que c’était un brin complexe. Je ne vous raconte pas la prise de tête pour rédiger celui-ci… Certes, le résultat n’est pas de la grande littérature, mais je me suis bien amusée quand même pour le faire. Si votre sagacité vous fait trouver le secret, je vous envoie un p’tit cadeau, promis ! Attention, il y a un piège… ne cédez pas imprudemment à une apparente facilité .

Ne vous a-t-on pas raconté que l’autre jour, j’ai croisé place Colette le chevalier de Rostand ? Forçons le destin, me dit-je, allons vers lui. Point n’est besoin d’avoir été présentés pour se saluer en passant. Notre passion est commune, nous pourrions nous entendre… Talent et intelligence se conjuguent chez cet homme, il ne peut être que passionnant.

Nous commençâmes la discussion mollement, sur la pluie et le beau temps. Ne trouvez-vous pas cette place charmante, lui dis-je poliment. « Ferions mieux d’aller boire un café, fait froid », me lança-t-il abruptement. Rien que d’entendre sa voix célèbre, j’en défaillais quasiment. Avec vous, mais quel plaisir, lui sussurai-je. « Grâce au ciel, il peut rien m’arriver de pire » me rembarra-t-il rudement. Jamais je n’aurais imaginé qu’il était à ce point timide. Un homme si célèbre, si universel ! « Lourdaud » l’insultai-je in petto, tremblant cependant qu’il ne remarque et ne s’offusque de mon étonnement. « Quoiqu’il fasse froid, on peut pas dire que c’est pas un temps d’saison », compléta-t-il doctement. « Fasse le ciel que je puisse l’entraîner vers des propos plus intéressants », priai-je un instant en moi-même, désarçonné par l’individu bourru qui se dessinait maintenant sous mes yeux. « Ne pourrait-on pas plutôt aller boire un verre au bar du théâtre Français », lui proposai-je, conciliant. Saurait-il apprécier un tel lieu, finalement ? Passer un moment en sa compagnie mérite tous les sacrifices, pensais-je tout bonnement. Pour aimer le théâtre, je n’en suis pas moins gentilhomme. Galant en toutes circonstance, même imprudemment.