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Florent Couao-Zotti a la plume
habile, presque magique. Dès les premières lignes de son dernier roman, Les
fantômes du Brésil, le lecteur est plongé dans l’atmosphère si particulière
du Bénin. La chaleur, l’humidité, la forêt et la mer composent un paysage
envoûtant au milieu duquel évoluent des personnages si peu maîtres de leur
destin que l’on est tenté de croire, parfois, à cette étrange prédestination
qui fait porter aux hommes le fardeau – les vices et les vertus – de
l’histoire passée.
L’auteur nous raconte le destin
tragique de la jeune Anna Maria do Mato, une Agouda. Cette communauté bien
particulière est composée de descendants d’esclaves revenus du Brésil à la fin
du XIXe siècle. De nombreux membres ont pu acheter leur liberté, sont riches et
possédent un fort sentiment de supériorité sur leurs nouveaux compatriotes,
accusés au passage – et jamais pardonnés – d’avoir vendu leurs ancêtres aux
négriers occidentaux. Très centrés sur eux-mêmes, peu perméables aux influences
extérieures, ils se montrent très fiers de leur culture hybride, mélange
d’acquis brésiliens et de souvenirs africains. C’est la raison pour laquelle
jamais Anna Maria ne pourra épouser Pierre : le sang des bourreaux ne doit
pas se mêler à celui des victimes, quelle que soit la force des sentiments.
Florent Couao-Zotti a 42 ans et vit
au Bénin depuis toujours. Quoique né à Pobè, dans le sud-est, il est originaire
d’Agoué, (ouest du Bénin) et appartient par sa mère à la communauté Agouda. Ses
premiers livre décrivaient le Bénin dans sa truculence parfois dramatique, (L’homme
dit fou et la mauvaise foi des hommes) et dans ses soubresauts politiques (Le
cantique des cannibales). Aujourd’hui, il recentre ses préoccupations sur
ses origines avec un récit de pure fiction mais emblématique d’un comportement
sur lequel il s’interroge. Un roméo, une juliette, des méchants, des gentils,
un magicien et des amis, le sel et le piment sont au rendez-vous pour faire
découvrir au lecteur un nouvel aspect du Bénin, souvent méconnu, le tout servi
par le style nerveux et très imagé auquel nous a habitué Florent Couao-Zotti.
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